Conférence « les théories du complot »
Les compagnons de l’Indre étaient conviés ce mercredi 12 février 2020 à partir de 17 heures 45 au restaurant l’Escale village pour la traditionnelle soirée crêpes 2020. La soirée débutait par une conférence donnée par Laurent RENAUDET sur « les théories du complot »
Laurent RENAUDET est professeur d’Histoire et géographie au collège de BEAULIEU de Châteauroux, correspondant Défense de l’Education Nationale, membre du groupe académique valeurs de la République et la laïcité, auditeur de la 190 ème session régionale Limoges-Bourges (2012) de l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale, à ce titre membre du comité de l’Indre de l’association régionale Centre-Val de Loire et correspondant départemental pour « le Trinôme Académique » (structure spécifique de l’IHEDN en charge de la sensibilisation et de la formation des enseignants à la problématique de Défense). C’est également un passionné et un expert averti de la puissance militaire russe.
Les théories du complot, un discours au service d’enjeux géopolitiques
Le Web compte désormais plus d’un milliard de sites, soit une masse d’informations gigantesque, sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Pourtant, on assiste à un appauvrissement de la réflexion au profit d’une pensée formatée, pétrie de légendes urbaines et de « conspirationnisme ». La théorie du complot est ainsi devenue, en quelques années, une caractéristique centrale de la production d’information sur le Web. Laissés sans contrôle, des dizaines de milliers de sites web véhiculent les théories les plus fantaisistes, faisant d’Internet une fabrique de rumeurs de masse. Par delà la simple théorie du complot, l’utilisation de ces courants de pensée à des fins politiques participe d’une propagande développée par certains états ou organisations dans le cadre de véritables stratégies d’influence. Un véritable outil géopolitique
Pour combattre ce phénomène auprès des jeunes l’Education Nationale a développé le programme EMI (l'Education aux médias et à l'information et à l'esprit critique) qui met l’accent sur la capacité des élèves à analyser l’information et la source dont elle émane
Laurent a débuté » son propos en précisant quelques définitions et de la distinction à faire entre complot, théorie du complot et « conspirationnisme ». Il a ensuite rappelé les éléments constitutifs du phénomène : l’hypercritique, la révélation d’une autre réalité, la dénonciation des comploteurs, les éléments déclencheurs, les citoyens enquêteurs les leaders « conspirationnistes » et les boucs émissaires.
Il existe cependant de bonnes raisons de croire les « conspirationnistes ».La cause culturelle dominante est la perte de confiance dans les professionnels de la connaissance (experts, savants, enseignants) dont les connaissances évoluent vite et peuvent être perçues comme provisoires. Quant aux médias, ils sont soupçonnés de partialité, de trucages, de manipulations de l’opinion. La perte de confiance dans les politiciens, quant à elle, a été alimentée par de nombreuses affaires de mensonges.
Mais les théories du complot ne sont pas seulement des récits destinés à faire douter du déroulement exact de divers événements, elles sont surtout des accusations, des discours ciblés et de puissants leviers à l’action politique. C’est aussi un outil au service de discours politiques que ce soit dans le monde arabo-musulman, au service du djihadisme ( les vidéos 19HH) dans le processus d’embrigadement et d’endoctrinement des jeunes, on en trouve aussi l’usage dans le discours officiel russe
L’intervenant a conclu son exposé comme suit :
Depuis une vingtaine d’années, nous assistons à une dérégulation de la violence. La guerre n’est plus le jeu réglé de deux armées se livrant bataille en rase campagne. On parle aujourd’hui de guerres asymétriques, de guerres hybrides, de cyber-guerres. Tous les coups sont permis, et en particulier les stratégies d’influence qui mènent à une véritable guerre de l’information. Dans ce cadre, on l’a vu, les théories du complot représentent une arme rhétorique très puissante qu’il est très difficile de contrer. En France, suite aux attentats de janvier 2015 à Paris contre Charlie Hebdo et contre l’Hyper Casher, une réflexion de fond a été engagée dans l’urgence. Elle doit déboucher sur un certain nombre de mesures : une campagne de « contre-radicalisation » sur Internet, avec notamment le site « stop-djihadisme » qui permet aux parents de déceler des signes précurseurs de la radicalisation de leurs enfants ; un renforcement de la déontologie de la presse et une spécialisation plus pointue sur les grands sujets géopolitiques internationaux ; au sein de l’Education nationale, une formation plus pointue des personnels, enseignants ou non : avoir connaissance de ce qu’est le « conspirationnisme » ; pouvoir suivre une démarche de déconstruction des théories du complot ,faire garder à l’auditeur l’estime de soi, sans pour autant organiser de débats à tout va.
Nous avons ensuite partagé ensuite, en toute convivialité, un repas autour du thème de la chandeleur.
Un très grand merci à Laurent RENAUDET pour la qualité exceptionnelle de son intervention qui a su, de l’avis général, captiver l’ensemble de l’auditoire sur ce phénomène qui reste d’actualité et concerne d’abord mais pas seulement les jeunes de plus en plus précocement