VISITE DU CENTRE DE TRANSMISSION DE LA MARINE NATIONALE DE ROSNAY
Le département de l’Indre est éloigné des côtes françaises mais cela ne l’empêche pas de détenir en plein cœur du parc naturel régional de la Brenne le principal Centre de Transmissions de la Marine (CTM) pour les sous-marins de la Marine nationale. Conçu initialement pour émettre au profit des sous-marins lanceurs d’engin. Il est opérationnel depuis 1971. Depuis il s’est régulièrement modernisé en même temps que l’évolution de la technologie pour rester opérationnel.
Pourquoi en Brenne ?
Pour fabriquer un signal radio de bonne qualité il est important de disposer d’un sol bien conducteur. Celui de la Brenne, marécageux, est très favorable .L’isolement du site favorise également sa protection
Il existe en France trois autres centres de transmission de la Marine : un en région parisienne à Saint Assise en Seine-et-Marne sur l’emplacement d’un ancien centre radioélectrique des PTT inauguré en 1921, un autre dans le Finistère à Kerlouan sur la côte nord de la Bretagne et le dernier dans l’Aude, le CTM France-Sud installé sur les contreforts de la Montagne Noire.
A Rosnay est né le 11 novembre 1911 Philippe de Scitivaux de Greische, marin français entré au service dans les années 30. Il fut pilote de l’aéronavale et participa à la bataille de France en 1940. Blessé lors d’un combat aérien il fuit la France pour l’Angleterre afin de ne pas être arrêter par les allemands. Soigné il retourne sur le sol français pour combattre mais doit s’enfuir une nouvelle fois pour rejoindre Londres via Gibraltar en détournant un chalutier. Il s’engage dans les Forces navales françaises libres et participe à la bataille d’Angleterre au sein d’un squadron de la Royal Air Force. Il termine sa carrière comme vice-amiral d’escadre et décède le 10 août 1986 à Toulon. Philippe de Scitivaux de Greische est Grand Officier de la Légion d'Honneur - Compagnon de la Libération - Grand-Croix de l'Ordre National du Mérite …
En cette veille de l’Ascension un groupe d’une cinquantaine de membres de l’ONM, de la LH et amis ont pu visiter le CTM de Rosnay. Nous avons été reçus par le Commandant de la base et son second, le capitaine de frégate Jean-Philippe Anché et le lieutenant de vaisseau Thierry Malléjac. La présentation a débuté autour d’une maquette au 1/2000 reproduisant le centre de transmission. L’un des Compagnons a pu rappeler qu’il est venu travailler, comme sous-traitant, lors de la construction du site à la fin des années 60 et au début des années 70. Il nous a montré avec émotion la carte qui lui permettait à l’époque de pénétrer sur le site et qu’il a conservé précieusement.
La mission
Transmettre les informations dont les SNLE et SNA français à la mer ont besoin
En salle de conférence le commandant nous a exposé le rôle et le fonctionnement du centre qui reçoit les informations élaborées au profit des sous-marins français et les leur transmet quelles que soient leurs positions dans les océans et mers du globe. L’intérêt des ondes VLF, qui ont la capacité de pénétrer dans l’eau et sont difficilement « brouillables » nous a été expliqué.
Le commandant a présenté l’ensemble du spectre des missions des sous-marins français, de la dissuasion pour les SNLE aux missions plus classiques des SNA : attaque de force à la mer, escorte du porte avion, renseignement, mise en œuvre de forces spéciales…
Permanence de la dissuasion
Les treize pylônes du CTM de Rosnay soutiennent une antenne géante qui permet en permanence d’acheminer les ordres et les informations nécessaires à la conduite des missions des SNLE et des SNA. Ce dispositif de 2 km de diamètre est capable de transmettre à tout moment, l’ordre présidentiel vers le SNLE assurant la permanence de la dissuasion à la mer. Le site possède l’un des émetteurs très basses fréquences (VLF) les plus puissants du monde. Ce type d’ondes radioélectrique est utilisé pour les transmissions vers les sous-marins, car il se propage à très grande distance et peut pénétrer dans l’eau. Le CTM est protégé en permanence par une compagnie de fusiliers marins et une brigade de gendarmerie maritime.
La visite s’est poursuivie à la découverte des pylônes qui supportent l’antenne. Celui du milieu, le plus haut, mesure plus de 350m et est ainsi la plus haute structure de France. Puis nous avons pu visité une partie du bunker dans lequel l’équipage dispose de toutes les installations lui permettant de poursuivre sa mission en temps de crise : des installations techniques (émetteur, groupes électrogènes, installations de climatisation…) mais aussi une zone vie permettant au personnel de vivre et travailler en totale autonomie si besoin.
Le centre de transmission est situé en plein cœur du parc naturel régional de la Brenne et s’étend sur plusieurs centaines d’hectares. On y trouve des étangs, du gibier et de la faune spécifique de la Brenne ; des poissons d’eau douce, des cistudes, une race de tortue d’eau emblématique de la région, des hérons et de nombreuses autres espèces d’oiseaux. Une convention avec le parc permet une gestion raisonnée de cette population.
Capacité de résister en cas d’alerte
La robustesse de la construction garantit l’accomplissement de la mission en toutes circonstances. Ainsi, l’abri protégé, véritable bunker enterré, a été conçu et fabriqué pour permettre à l’équipage du CTM de poursuivre sa mission en totale autonomie, même en cas de crise nucléaire ou chimique
Un grand merci à la Marine et au commandant du CTM d’avoir autorisé cette visite particulièrement instructive sur un site méconnu et pourtant primordial de notre système de défense.